Travail au contact des animaux vivants – Veto sur les risques

Qu’ils soient domestiques, d’élevage ou sauvages en captivité, tous les animaux ont besoin d’une prise en charge, de soins et d’un suivi quotidien. Les professions qui s’exercent à leur contact sont multiples, tout autant que les contextes d’intervention. La nature des métiers, le type d’animaux, leur nombre, les contextes de pratique seul ou en équipe, les soins nécessaires sont autant de critères qui définissent les conditions de travail des personnels. Parmi les risques professionnels rencontrés, on retrouve les troubles musculosquelettiques, les risques biologiques, les risques physiques, le risque routier et de plus en plus les risques psychosociaux.

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Vétérinaires, éleveurs, vendeurs en animalerie, soigneurs animaliers… Les professions qui s’exercent au contact des animaux vivants sont souvent exercées par des passionnés, exposés à des risques professionnels divers. Le risque physique est le plus fréquemment rencontré. Les manipulations et contentions sont à l’origine d’accidents dans les élevages, qu’ils soient bovins, ovins, équins, caprins ou porcins. Plus de la moitié des accidents recensés auprès des chefs d’exploitations agricoles surviennent dans des élevages. Néanmoins, plus de 40% des accidents mortels survenus dans des élevages bovins sur la période 2014-2016 ont eu lieu sans que l’animal soit forcément en cause. D’autres activités, comme la distribution d’aliments, la conduite des animaux, les soins donnés, peuvent aussi être à l’origine d’accidents du travail. Les ports de charges et les manutentions répétées peuvent générer à la longue des troubles musculosquelettiques. La conception des lieux et des situations de travail est par conséquent également une préoccupation importante à prendre en compte pour assurer des conditions de travail adaptées.

Le risque biologique est aussi présent, à travers l’exposition au risque de zoonoses – maladies transmissibles de l’animal à l’homme – ou par la présence de poussières en suspension pouvant générer des allergies ou des irritations respiratoires. Le risque chimique peut également être rencontré, du fait de l’emploi de médicaments vétérinaires. Sans oublier le risque routier, à l’origine d’accidents, notamment dans le secteur agricole. Doivent également souvent être pris en compte des risques liés ou majorés par le travail saisonnier et par la polyvalence et polycompétence des salariés.

Un investissement personnel constant… mais des situations parfois difficiles

Quelle que soit l’activité, il est important que les animaux soient en bonne santé et placés dans un environnement non stressant. C’est une préoccupation majeure. Car un seul individu malade peut compromettre la santé de l’ensemble de ses congénères, et jouer par conséquent sur les conditions de travail des professionnels. Les exigences en progression constante vis-à-vis du bienêtre animal tendent également à redéfinir les pratiques des professionnels. À cet égard, intégrer la bien-traitance des animaux peut offrir une opportunité d’amélioration des conditions de travail des professionnels. Un des dénominateurs communs à tous ces métiers est la passion. L’investissement personnel y est permanent. Mais malgré cela, les professionnels peuvent être en souffrance, du fait d’une dégradation de leur image, d’un manque de reconnaissance et surtout d’une remise en cause du sens même de leur activité. Les professionnels se retrouvent exposés à des insultes, des agressions verbales, voire physiques dans les cas les plus graves. Il arrive qu’ils soient accusés d’être maltraitants ou négligents envers les animaux dont ils ont la charge. À l’image de l’« agribashing » ambiant qui vise les agriculteurs et leurs pratiques, ou des opérations coup de poing menées envers certains abattoirs ou des boucheries, tout professionnel travaillant au contact d’animaux se retrouve de plus en plus exposé à ces risques. L’essor des réseaux sociaux, « qui stressent et rendent parano », décuple par ailleurs l’exposition à des critiques ou à des incivilités.

Lorsqu’elles travaillent seules, la violence ressentie par les personnes nécessite du temps pour être digérée. Les traumatismes sont là. Travailler en équipe permet d’en parler et d’exercer une solidarité au sein des groupes. Mais même dans les équipes, les manageurs se retrouvent parfois démunis face à ces situations. Ce phénomène, émergent dans ces métiers, peut engendrer un profond mal-être. Il nécessite de la part de tous les acteurs une prise en compte et une approche adaptées.

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